DES PAIR AIDANTS FAMILLE AU SEIN D’UN HÔPITAL PSYCHIATRIQUE, UNE PREMIERE EN FRANCE !
Le pôle 94 G16 des hôpitaux de Saint-Maurice dispose désormais d’une véritable équipe de pair aidance. Amélie et Jessica sont les pairs aidantes patients accompagnatrices du rétablissement depuis deux ans, quant à Christian, depuis dix mois et moi-même, depuis octobre, nous sommes pair aidants familles à temps partiel et à nous quatre, nous coconstruisons ce nouveau paradigme initié par le pôle et tant désiré par les familles.
Vive la révolution !
L’annonce de recrutement parue en juillet dernier d’accompagnateur (trice) pair aidant (te) famille stipulait bien entre autres Compétences requises : « Vous avez un Savoir expérientiel … ».
Double bonne nouvelle : notre vécu de parent d’un proche atteint de troubles psychiques est reconnu par une institution et si bien reconnu qu’il a valeur de compétence professionnelle, signal fort adressé aux familles….
Ainsi, Alain Cantero, chef du pôle, considère-t-il que « Ces collègues particuliers que sont les pairs aidants (patients et famille) » redéfinissent le rétablissement selon de nouvelles perspectives et transforment les organisations institutionnelles. Le médecin ajoute même « Ils viennent enrichir nos pratiques et leur présence dans une équipe constitue une véritable révolution culturelle permettant l’apparition d’un nouveau rapport soignant soigné aidant. »
Autre posture de la pair aidance, autre regard…
Si de nouvelles perspectives s’offrent à l’institution, les pratiques de la pair aidance se transforment tout autant de leur côté, au contact de la structure et de l’équipe médicale.
Les missions traditionnelles d’un accompagnement par un pair aidants telles que nous les connaissons ou les pratiquons déjà dans les associations demeurent : l’écoute active, le soutien, le partage du vécu et de l’expérience, l’information, les conseils et l’orientation.
Il existe une spécificité liée à notre présence à l’intérieur même de l’institution, à notre proximité avec les soignants et avec les patients.
Nous pouvons mieux appréhender le fonctionnement des services, comprendre les motivations de l’équipe, échanger avec eux sur le rôle, la souffrance, les craintes des familles, recueillir leur avis, approfondir notre « connaissance du terrain » et notre connaissance des troubles psychiques…
Tous ces éléments nous permettent de nourrir notre discours, de mieux accompagner les familles notamment concernant l’aide à la compréhension des prises de décision médicales et à ouvrir nos horizons. Nous ne voyons plus la situation par le seul prisme parental mais dans sa globalité et c’est là que le pair aidant famille doit trouver le bon équilibre !
En effet, notre position s’avère parfois compliquée…. Il nous faut respecter bien entendu le secret professionnel, entendre la souffrance de la famille face au secret médical tout en encourageant l’alliance thérapeutique, plaider en faveur des souhaits de la famille tout en respectant ceux des soignants… Que de paradoxes pourtant tous justifiés et défendables !
A chacun son cadre...
Les familles viennent nous voir, presque toujours adressées par le psychiatre de leur proche, preuve que ces médecins accordent un rôle certain à la famille dans le processus de rétablissement.
A nous de les accueillir dans le non jugement, d’identifier là où ils en sont de leur cheminement et de leur apporter un soutien qui correspond à leurs besoins et seulement à leurs besoins…
La difficulté est de respecter leur tempo, de ne pas aller à l’encontre de leur attente, n’en dire ni trop ni pas assez, encore ce fameux équilibre… Nous devons trouver les mots les plus justes entre ce qu’ils sont capables d’entendre, ce que notre savoir expérientiel nous a appris et ce que le médecin nous a confié.
J’ai souvent une envie irrésistible de leur parler par exemple de la règle des 3 S !
Nous, pair aidants famille, devons accepter l’échec ou la frustration de ne pas pouvoir dire ou agir aussi vite que nous le voudrions. Il s’agit de définir nos cadres référentiels respectifs, le nôtre est de tracer les contours de nos interventions et d’aider les familles à définir le rôle qu’elles veulent jouer dans le rétablissement.
Si nous voulons que ce métier se pérennise, il reste un grand travail à faire, il reste à le « modéliser », à le structurer, il reste à construire des outils d’évaluation, à le faire connaitre auprès des acteurs de la santé mentale et à vous en parler pour que vous en parliez !
J’ose rêver parce que nous, parents de proches atteints de troubles psychiques et engagés, rêvons tous et toujours: je fais le rêve que d’autres hôpitaux suivront la belle initiative du Docteur Cantero, que nous installerons ailleurs ce modèle et qu’il permettra aux relations familles, patients et médecins de se fluidifier et enfin, que le plus de parents possible accèdent à la psychoéducation car je constate au quotidien à quel point elle fait défaut dans l’établissement, pourtant un modèle dans son genre pour la famille.
Marie, accompagnatrice pair aidante HSM
Secteur du pôle 94 G16 : Saint-Mandé-Charenton-Saint-Maurice-Alfortville
Structures : 2 unités de soins, 1 CMP à Charenton, 1 CMP à Alfortville, un hôpital de jour, un CATTP (centre d’activité à temps partiel), une unité mobile de gestion de crise (UMAAC), un groupe mobile de psycho-gérontologie (GMP)