Processus de rétablissement

La recherche d’une définition du rétablissement en santé mentale concerne une approche médicale de celui-ci comme un état à atteindre. Cependant, sous ce même terme de « rétablissement » de plus en plus de travaux, d’études et de réflexions montrent qu’il peut être un processus individuel qu’il faut soutenir et valoriser chez chacun.

En fait, il s’agit tout simplement de changer de paradigme ! Ainsi, nous vous proposons ici de penser le rétablissement comme POSSIBLE et de le définir comme une façon de mener une vie choisie malgré les limites imposées par la maladie.

Dès lors que nous posons ce regard sur la maladie, tout change, tout devient possible et c’est justement la voie recherchée.
Comme chacun de nous, les personnes atteintes de schizophrénie aspirent à avoir une vie autonome, des contacts sociaux, une place dans la société, un métier enrichissant…

Pour elles cependant, cela est d’autant plus difficile que tous les efforts pour devenir autonome sont entravés par la maladie.
La discrimination dont ils font l’objet ainsi que les symptômes de la maladie, vont freiner la mise en place de cette autonomie et donc nécessiter un soutien particulier.

Il ne faut donc pas baisser les bras !

Le rétablissement est un processus unique débutant là où la personne décide de ne plus donner à la maladie le pouvoir de contrôler toute sa vie. C’est la redécouverte de soi, de ses capacités et de ses rêves tout en se donnant de nouvelles possibilités, et cela, avec ou sans la présence de limites et de symptômes engendrés par la maladie mentale. C’est l’espoir d’une vie « meilleure ».

(Lagueux, 2007)

La recherche montre que 42 à 68% des personnes atteintes de troubles schizophréniques

ont un rétablissement satisfaisant ou améliorent leur vie de façon substantielle

La plupart des témoignages indiquent que les personnes rétablies se sentent grandies par l’expérience de la maladie et de leur rétablissement. Se rétablir, c’est souvent difficile, mais c’est possible ! Et pour ce faire, quatre éléments essentiels au processus de rétablissement ont été identifiés.

L'espoir

C’est la perfusion d’espoir qui permet de démarrer le processus de rétablissement. Les proches aidants ont ici un rôle essentiel.

L'identité

Un travail doit être accompli avec le malade lui permettant de distinguer ce qui fait partie de son identité et ce qui incombe à sa maladie. Rappelons que la schizophrénie n’a rien à voir avec l’intelligence. 

Un sens à la vie

Les projets conçus avant la maladie seront sans doute remis en question mais il est tout à fait possible pour le malade de reconstruire de nouveaux projets, de trouver et d’investir de nouveaux rôles sociaux.

Responsabilité

Même aidée, c’est la personne malade qui initie ce processus par l’auto détermination et qui décide de gérer sa santé et de faire ses choix de vie.

On distingue différentes étapes dans le processus de rétablissement auxquelles peuvent correspondre différents traitements et soutiens. Il est donc important de voir à quelle étape se trouve le malade pour adapter les soutiens et passer d’une étape à l’autre.

Un schéma valant mieux qu’un long texte, voici une présentation de ces étapes et des moyens qui y sont aujourd’hui associés :

Suivons ce schéma pas à pas

Moratoire : les soins

Un traitement médicamenteux est le plus souvent nécessaire. Il doit être suivi en accord avec les préconisations du psychiatre.
Un accompagnement dans des structures adaptées est recommandé.

Conscience et préparation : la réhabilitation psychosociale

Les troubles psychiques peuvent être stabilisés avec le traitement médicamenteux mais certaines difficultés peuvent subsister (attention, mémoire, sensibilité au stress…) et entraver le processus de rétablissement. Le but de la réhabilitation psychosociale est de réduire l’impact de ces difficultés pour favoriser le rétablissement.

Elle englobe les interventions de réadaptation et de réinsertions telles que psychoéducation, Education Thérapeutique des Patients…

La psychoéducation et l’éducation thérapeutique du patient

Deux termes similaires pour décrire un processus d’apprentissage par lequel une personne acquiert des compétences pour gérer sa maladie et le rendre autonome.

Des nuances, cependant :

La psychoéducation apporte des connaissances et offre un espace d’échanges où la personne s’exprime et pose des questions sur la maladie et les traitements associés. Au-delà de la transmission d’information, la psychoéducation est une méthode pédagogique ayant pour but :

  • une clarification de l’identité ;
  • une appropriation du pouvoir

L’ETP est une pratique consistant à soutenir un apprentissage singulier permettant à la personne d’être responsable de sa propre santé dans la maladie et son traitement. C’est un processus continu, par étape, intégré dans la démarche de soin.  Les finalités de l’ETP sont :

  • l’acquisition et le maintien de compétences d’autosoins ;
  • la mobilisation ou l’acquisition de compétences d’adaptation, s’appuyant sur le vécu et l’expérience antérieure du patient.

Les outils de réhabilitation psychosociale  sont nombreux : Remédiation cognitive, Thérapie Comportementale et Cognitive (TCC) ; Entraînement aux habiletés sociales, groupe de thérapie, méditation, soutien à des projets (job coaching). 

Reconstruction et croissance

La reconstruction permet d’avoir un changement de regard positif sur sa maladie et sur son propre avenir, elle permet de redéfinir l’image de soi favorisant la croissance.
La croissance permet d’effectuer les choix de vie adaptés autorisant une intégration dans la vie sociale pérenne.